Elegía poème de Miguel Hernández - Parc Monceau, Paris
Elegía poème de Miguel Hernández - Parc Monceau, Paris

Ma voix, en colère contre la mort

Aujourd’hui, c’est le jour des morts, comme chaque année depuis l’an 998, depuis que le moine Odilon a choisi le 2 novembre pour se souvenir des défunts.

Depuis 1000 ans, l’art accompagne ce geste : sculptures, musique, poésie, lieux de mémoire.

Ma grand-mère Lucille disait : « À mon enterrement, je veux des rires, pas des pleurs. »

Concert au parc Monceau

Pendant Paris fête les Jeux olympiques, j’ai donné un récital au parc Monceau.

J’ai interprété Elegía de Miguel Hernández, un poème à un ami disparu.

C’est triste, oui, mais c’est aussi ultra humain.

Ça parle d’amitié, de liens qui restent, d’une rage douce et lucide contre la perte.

Voix nue

Je partage plus bas un enregistrement fait ce jour-là au parc Monceau.

Pas d’effets. Pas de filtre.

Juste la voix, le moment, le cœur ouvert.

J’ai chanté rubato, ça veut dire exprimer mes sentiments guidée par le texte et non par le métronome.

Soprano, dépouillée, frontale.

Ma vulnérabilité est ma matière artistique : la frustration de ne plus revoir mes ancêtres, mêlée à la gratitude de chanter devant les vivants.

Écoute l’extrait ci-dessous si tu veux entrer dans ce moment.

Marguerite

Retour aux racines

Je suis revenue à Paris après de longues années ailleurs.

Mon adolescence ici reste indissociable de ma formation artistique et familiale.

Ma grand-mère Marguerite vivait dans le 9ᵉ.

Mon père m’a donné son prénom : je porte une part de son histoire.

J’ai grandi aussi chez mes grands-tantes Gisèle et Jeanne, boulevard Exelmans.

Elles sont décédées du COVID-19.

Elles me manquent, et leur absence nourrit mon travail vocal et ma recherche du sens.

Revenir chanter ici, c’était dire : « Je suis là, et vous aussi, toujours. »

Les vivants comptent aussi

Birds taking flight

Ce jour-là, j’ai vu des envolées d’oiseaux, les fleurs briller, les gens sourire.

Mes amis au premier rang. Sophie. Lionel.

Et puis tous ces visages qui écoutent.

Et je me suis dit : « Ok, la vie est là aussi, juste devant moi. »

Après le concert, on est allés à la salle de sport, comme d’habitude.

Héritages familiaux

Cette intensité s’inscrit aussi dans mon histoire familiale.

Du côté de la famille de mon père, très catholique, c’était l’art sacré, le rituel, la sépulture.

Du côté de la famille de ma mère, très spirituel, c’était la crémation, la lumière, l’espace pour les vivants.

Je visite les cimetières comme on visite un musée : Passy, Montmartre.

Je regarde les sculptures parler du temps.

Je reconnais aussi la beauté radicale de la cendre.

Deux esthétiques. Deux vérités. Même dignité.

Mes cultures

En Australie, on n’a pas vraiment un jour dédié aux morts.

Dans de nombreuses cultures aborigènes, on ne montre pas les visages des personnes disparues.

À Paris, les statues gardent les mémoires en pleine lumière, il y en a partout.

Deux styles, une même intention : respecter, se souvenir.

Choisir la vie à fond

En parlant de la mort, ma grand-mère disait : « C’est la vie. »

Moi je dis : « Non. Mon désir de vivre et d’aimer est plus fort. »

Chanter ça aujourd’hui, c’est dire :

Oui, on a perdu des gens.

Oui, ça fait mal parfois.

Mais on continue, et on vit aussi fort pour eux, avec eux en nous.

Une vision qui mérite une approche artistique passionnée.

Écoute et lecture

Enregistrements de No Perdono - Elegía en direct
Parc Monceau, Paris, France - 2024
Interprété par Isabelle Arthur Saint

Extrait court



Poème intégral



Voici les paroles d'Elegía de Miguel Hernández (1910-1942):

YO QUIERO ser llorando el hortelano
De la tierra que ocupas y estercolas,
Compañero del alma, tan temprano,

Alimentando lluvias, caracolas
Y órganos, mi dolor sin instrumento,
A las desalentadas amapolas

Daré tu corazón por alimento.
Tanto dolor se agrupa en mi costado,
Que por doler me duele hasta el aliento.

Un manotazo duro, un golpe helado,
Un hachazo invisible y homicida,
Un empujón brutal te ha derribado.

No hay extensión más grande que mi herida,
Lloro mi desventura y sus conjuntos
Y siento más tu muerte que mi vida.

Ando sobre rastrojos de difuntos,
Y sin calor de nadie y sin consuelo
Voy de mi corazón a mis asuntos.

Temprano levantó la muerte el vuelo,
Temprano madrugó la madrugada,
Temprano estás rodando por el suelo.

No perdono a la muerte enamorada,
No perdono a la vida desatenta,
No perdono a la tierra ni a la nada.

En mis manos levanto una tormenta
De piedras, rayos y hachas estridentes
Sedienta de catástrofes y hambrienta.

Quiero escarbar la tierra con los dientes,
Quiero apartar la tierra parte a parte
A dentelladas secas y calientes.

Quiero minar la tierra hasta encontrarte
Y besarte la noble calavera
Y desamordazarte y regresarte.

I love Marguerite
Volverás a mi huerto y a mi higuera:
Por los altos andamios de las flores
Pajareará tu alma colmenera

De angelicales ceras y labores.
Volverás al arrullo de las rejas
De los enamorados labradores.

Alegrarás la sombra de mis cejas,
Y tu sangre se irán a cada lado
Disputando tu novia y las abejas.

Tu corazón, ya terciopelo ajado,
Llama a un campo de almendras espumosas
Mi avariciosa voz de enamorado.

A las aladas almas de las rosas
Del almendro de nata te requiero,
Que tenemos que hablar de muchas cosas,
Compañero del alma, compañero.



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Poetry in Parc Monceau Paris

My voice, pushing back at death

Today’s the day we honour the dead — a tradition going back to the year 998, when a monk named Odilon set aside 2 November to remember those who’ve gone.

For a thousand years, people have marked this moment with art — sculpture, music, poetry, places where memory settles and stays.

My grandmother Lucille used to say, “At my funeral, I want laughter, not tears.”

Recital at Parc Monceau

While Paris was buzzing with the Olympics, I gave a recital in Parc Monceau.

I performed Elegía by Miguel Hernández — a poem for a friend who’s passed.

Yeah, it’s heavy, but it’s also deeply human.

It’s about friendship, the threads that don’t break, and that steady, quiet anger that comes with loss.

Bare voice

Further down this page, I’ve shared a recording from that day in the park.

No effects, no studio polish.

Just voice, breath, and a moment that felt honest.

I sang rubato — letting the words lead instead of the metronome.

Soprano, stripped back and straight-up.

Vulnerability is part of my practice: missing the people I can’t see again, and feeling grateful to sing for the ones still here.

Have a listen if you’d like to step into that space with me.

Marguerite

Back to my roots

I came back to Paris after years away.

My teenage years here shaped who I am — as a person and as an artist.

My grandmother Marguerite lived in the 9th arrondissement.

My dad gave me her name — I carry her with me.

I also grew up with my great-aunts, Gisèle and Jeanne, on Boulevard Exelmans.

They passed away during COVID.

I miss them. Their absence shapes my voice and my search for meaning.

Singing here again was my way of saying, “I’m here — and so are you.”

The living matter too

Birds taking flight

That day, I saw birds take off, flowers glowing, people smiling.

My mates in the front row. Sophie. Lionel.

Faces listening, open.

And I thought, “Alright. Life’s here too — right in front of me.”

After the show, we went to the gym. As you do.

Family threads

This intensity comes from my family, too.

On my dad’s side — Catholic roots, ritual, sacred art, burial.

On my mum’s side — spiritual, light, cremation, space for the living.

I visit cemeteries like museums — Passy, Montmartre.

I watch sculptures speak to time.

And I honour the stark beauty of ash.

Two traditions. Two truths. Same dignity.

My cultures

In Australia, we don’t really have a day for the dead.

In many Aboriginal cultures, you don’t show images of those who’ve passed.

In Paris, memory is everywhere in stone and bronze.

Different ways of holding loss. Same respect.

Choosing life, fully

When death came up, my grandmother used to shrug and say, “That’s life.”

I say, “Nah. My will to live and love wins.”

Singing this now means:

Yes, we’ve lost people.

Yes, it hurts.

But we keep going — and we live hard for them, with them in us.

That deserves an artistic response that’s passionate and real.

Listen and read

Recordings of No Perdono – Elegía live
Parc Monceau, Paris, France — 2024
Performed by Isabelle Arthur Saint

Short excerpt



Full poem



Here are the words to Elegía by Miguel Hernández (1910–1942):

YO QUIERO ser llorando el hortelano
De la tierra que ocupas y estercolas,
Compañero del alma, tan temprano,

Alimentando lluvias, caracolas
Y órganos, mi dolor sin instrumento,
A las desalentadas amapolas

Daré tu corazón por alimento.
Tanto dolor se agrupa en mi costado,
Que por doler me duele hasta el aliento.

Un manotazo duro, un golpe helado,
Un hachazo invisible y homicida,
Un empujón brutal te ha derribado.

No hay extensión más grande que mi herida,
Lloro mi desventura y sus conjuntos
Y siento más tu muerte que mi vida.

Ando sobre rastrojos de difuntos,
Y sin calor de nadie y sin consuelo
Voy de mi corazón a mis asuntos.

Temprano levantó la muerte el vuelo,
Temprano madrugó la madrugada,
Temprano estás rodando por el suelo.

No perdono a la muerte enamorada,
No perdono a la vida desatenta,
No perdono a la tierra ni a la nada.

En mis manos levanto una tormenta
De piedras, rayos y hachas estridentes
Sedienta de catástrofes y hambrienta.

Quiero escarbar la tierra con los dientes,
Quiero apartar la tierra parte a parte
A dentelladas secas y calientes.

Quiero minar la tierra hasta encontrarte
Y besarte la noble calavera
Y desamordazarte y regresarte.

I love Marguerite
Volverás a mi huerto y a mi higuera:
Por los altos andamios de las flores
Pajareará tu alma colmenera

De angelicales ceras y labores.
Volverás al arrullo de las rejas
De los enamorados labradores.

Alegrarás la sombra de mis cejas,
Y tu sangre se irán a cada lado
Disputando tu novia y las abejas.

Tu corazón, ya terciopelo ajado,
Llama a un campo de almendras espumosas
Mi avariciosa voz de enamorado.

A las aladas almas de las rosas
Del almendro de nata te requiero,
Que tenemos que hablar de muchas cosas,
Compañero del alma, compañero.

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